CinephileFanatik a écrit:
pytheas a écrit:
pour ce qui est de ton argument avec un exemple alimentaire, il est très amusant, mais ne prouve en aucun cas qu'un plat fin est forcement meilleur qu'une délicieuse potée, ni le contraire. les papilles seront flattées dans les 2 cas, mais c'est surtout cette notion du savoir jauger ses plaisirs qui m'intrigue.
peux-tu un peu approfondir ?
Je vais reprendre l'exemple de la potée pour essayer d'expliquer ce que j'entends par "jauger mon plaisir" (peut-être que l'expression, qui m'est personnelle, est inappropriée cela dit): la potée est bonne, mais l'apprentissage de la recette et l'investissement pour sa préparation est moindre que pour le plat fin, qui a bénéficié de longues recherches pour avoir une harmonie gustative. Si je devais départager les deux plats je tiendrais compte de ces arguments voilà tout ; il ne s'agit pas que du plaisir direct que l'on tire, mais aussi de l'investissement fait pour le résultat. Par contre je ne récompenserai pas le plat fin que je trouve dégueulasse, même s'il est travaillé. Il s'agit de trouver un équilibre entre objectivité et subjectivité.
Dans le contexte ça donne: le principal travail de recherche sur la préparation de Bienvenue Chez les Ch'tis a été de trouver comment rendre attractifs le Nord et ses habitants ; sinon ce film n'est pas forcément plus drôle qu'une autre comédie, à vous de voir si cela mérite qu'on le récompense plus qu'une autre comédie qui fait quantitativement autant rire.
j'aimerais que tu sois plus précis au sujet du plat fin, j'aimerais que tu m'en cite un, juste pour comparer avec la potée. je ne sais pas si tu as eu l'occasion d'en cuisiner une, je peux te dire que c'est du boulot. sans doute certains plats, considérés comme " fins " ne nécessitent pas 3/4 d'heure de préparation et 2 heures de cuisson.
à moins que le jugement se fasse par rapport aux ingrédients, à savoir du chou, de la poitrine, des pieds de porc, du saucisson à l'ail, poireaux, pommes de terre, oignons, navets et carottes... grosso-modo
rien de bien noble en effet, ce sont les bases de la cuisine populaire, mais là, mais c'est juste une question de vision de l'esprit.
sais-tu que le meilleur cuisinier du monde, ou proclamé ainsi par une élite, est l'espagnol ferran adria, qui dans son restaurant, el bulli, propose entre autre de l’air de carotte, du sorbet grillé au barbecue, une viande accompagnée d’une seringue hypodermique pleine de sauce, des chamallows de parmesan, du caramel d’huile de courge, des bonbons à l’huile de potiron, du croquant d’algue, des pétales de rose en tempura, des pastilles glacées au whisky sour, des sorbets aux amandes parfumés à l’ail ou encore de la nougatine aux algues.
il est un des précurseurs de la cuisine moléculaire ( née en fait dans un labo parisien dirigé par un chercheur, hervé this, en l'occurrence ).
c'est sur qu'au niveau du gout, c'est assez particulier, de l'aveu des chanceux qui peuvent participer à cette découverte, mais la préparation de ces " miniatures " à base d'ingrédients forts communs, n'excède pas quelques secondes.
mais qui du bistrot du coin ou du catalan est le meilleur cuisinier ? ils sont cuisiniers tous les 2 et satisfont leur clientèle pour des mets qui ne peuvent pas se comparer.
tout ce que je sais, c'est que l'un d'entre eux bénéficie d'une immense aura qui est certainement le résultat d'un effet de mode.
le cinéma, c'est un peu pareil, il n'évite pas l'écueil de l'élitisme quand il en a l'occasion.