Edit folet The Ninja squad -@- (
John Nada)
The Ninja Squad :
Hong Kong. 1986/87. 87 mn. De Godfrey Ho, avec Richard Harrison (Gordon), Dave Wheeler (Yvan the Red), Eduardo Martinez, Timalden Kelvin, James McHugh, Karl Tulloch...
Le genre : ninja, of course
Ho ho ho, je viens de voir
The Ninja Squad, c’était bien rigolo. Plein d’enthousiasme, je me dis que allez, çuila i’ faut que j’le chronique. Pouf pouf, c’est parti. Je contemple l’écran de mon ordinateur d’un air un peu niais, les dix doigts en lévitation au-dessus du clavier. Et soudain le doute. Le malaise. L’angoisse. C’est la panne sèche, la hantise du chroniqueur de nanars. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter de nouveau ? Tout n’a-t-il pas déjà été dit et redit sur ces films de ninjas ? Est-ce que le radotage nous guette ? Bon allez, pas de panique. Pour commencer je vous reproduis le simili résumé de la jaquette. Oui, je sais, ça s’apparente furieusement à du remplissage de chronique mais c’est du remplissage utile, parce que mon DVD est dans la langue de Shakespeare, ce qui vous fournit un solide alibi pour aller sur Nanarland (
Mais non je glande pas, je te dis que je travaille mon anglais !) :


Richard Harrison mouline dans le vide avec la prestance d’un bœuf enragé


Ce n’est pas à Dave Wheeler qu’on apprend à faire des grimaces
«
The Ninja empire is at stake as the supreme Ninja master and his disciple confront Ivan the Red, a power-hungry Ninja. When the police fail to help, the young disciple must reveal his amazing fighting ability to save his sister and avenge his mother’s murder. The master must face Yvan the Red in a final gruelling duel to determine the fate of the Ninja Empire. The young Ninja must reveal his power to survive ! »

Pfff… en être réduit à entretenir les sous-bois pour le département des eaux et forêts, si c’est pas malheureux…
Tiens, mais…


Qui es-tu ?
Je suis Yvan le Rouge et je suis, euh… un ninja rouge !


Un ninja rouge !
Et bien vois-tu ça ne se remarque peut-être pas mais moi je suis, euh… un ninja blanc !

Une ordure royaliste, un ennemi de la révolution !


Alors c’est toujours la même rengaine hein, c’est ça ?! La collectivisation des terres et des petites fabriques de bombinettes à fumée, avec vous fini l’artisanat et la créativité des entreprises familiales, tout sera produit en masse et à la chaîne…


Ca je ne peux l’accepter… en garde, coco !
Tu vas mourir, bourgeois !!


Tralala, danse avec les ninjas


Un bandeau… HIHIHIHIHI
Réjouissance immédiate, Richard Harrison déboule dès les premières images du film, sans moustache mais en grande tenue, fagoté dans une immonde tunique chamarrée de violet et d’argent façon Ziggy Stardust ninja. Pourquoi « Ziggy Stardust ninja » ? Parce que sur sa noble charpente, ce vain déguisement fait ni plus ni moins ressembler notre idole à un prince de l’espace gay tout droit sorti d’un space-opera 70’s foireux.

Les conseils du maître : «Remember… born a ninja, die a ninja »


Richard Harrison. Punks are not dead !


« What’s really important is that you keep the spirit… fight against injustice… and you’ll win ! »
Comment se nomme notre Ninja du Bien ?
Gordon bien sûr, un prénom très prisé par les parents de ninjas à une certaine époque, à peu près quand les
Steven ont commencé à passer de mode. Un sobriquet qui faisait un peu office de seconde identité pour Richard Harrison à Hong Kong puisqu’il le porte dans, en vrac, les V.O.s de
Ninja Dragon,
The Ninja Shodown,
Cobra Vs. Ninja et environ 1000 autres films d’encagoulés.

« The land of opportunity, the golden chance for me, my future looks so bright, now I think I’ve seen the light » Megadeth – Tornado of Souls (remarquez sur l’image de gauche ça pourrait aussi le faire avec Surfin’ USA…)


Richard Harrison, zen.


Aujourd’hui il fait drôlement beau, je m’en vais bêcher mon potager

Beuark, bon sang mais ça pue le navet par ici !


Mais… mais… qu’est-ce que tu fais dans mon jardin, toi ?!


Je suis désolé monsieur mais ceux qui osent troubler la quiétude de mes beaux légumes doivent mourir, c’est comme ça !

…argh… je voulais juste… de beaux radis pour cet hiver…


Chouette, un bandeau jaune comme le mien mais avec « NINJA » écrit en rouge dessus !
Au sujet du « vieux film asiatique d’origine » – celui sur lequel viennent se greffer les séquences riches en ninjas colorés comme des Smarties frétillants – il s’agit visiblement d’un métrage indonésien ou philippin (plutôt philippin dans la mesure où on y révère la Vierge Marie) contant les tribulations de « Billy », un jeune homme de retour au foyer aux côtés de sa mère et de son frère, soi-disant après un entraînement de 10 ans sous la tutelle de « Maître Gordon » / Richard Harrison, qui va devoir affronter un affreux gang de racketteurs. Non pas que je ne sache pas que tout le monde s’en contre-fiche mais ça reste souvent bien pratique pour identifier un film de ninjas, qu’on retrouve parfois décliné en une multitude de titres différents et dissimulé sous des visuels hautement fantaisistes. Comme d’hab’, les doublages d’ensemble du collage
séquences ninja / vieux film philippin faisant un peu office de points de suture, le mot « ninja » revient à l’envie dans des scénettes qui ne le nécessitent évidemment pas. Ainsi, à travers des dialogues mutinement absurdes, Billy s’inquiète très sérieusement des perspectives d’emploi pour les ninjas auprès de sa petite amie (peut-être que du côté d’Interpol…) dont le père policier, qui enquête sur les meurtres de ninjas commis par Yvan le Rouge / Dave Wheeler dans les séquences tournées par Godfrey Ho, ne tolère pas la relation : «
Didn’t I tell you ? He’s a ninja and a dangerous man, I mean it ! You’re not to see him anymore and no more !! There’ve been some ninja killings… bad ninja killings ! ».


Quelques physionomies d’une prestance déconcertante (un beau brun ténébreux, un tireur bouleversant de charisme, un playboy au magnétisme trouble et un meneur d’hommes à la moustache altière… Filipinos Powa !)

1,2,3…1,2,3… ça y est, CA Y EST je maîtrise enfin le flamenco ! Plus qu’à apprendre le smurf et la polka et je serais le plus fin danseur de l’univers !!

Nom d’un double-flip-triple-kick mais… on m’espionne !


Arrête ton numéro de claquettes le boiteux, ton moonwalk est lamentable !


Attend un peu pour voir espèce d’affreux jaloux ! Hop je te sors ma bottine secrète du French Cancan et…


Oh NON, je ne peux pas décemment achever mon existence de ninja sur cette table de pique-nique d’air d’autoroute…


Aaah, encore un beau bandeau brodé, ma collec’ s’agrandit !
A travers un lot généreux de séquences génialement nulles,
The Ninja Squad offre une magnifique galerie de fringants ninjas aux tenues toutes plus somptueuses les unes que les autres, osant tout un panel de chatoyants coloris tels que le jaune poussin ou le rouge cerise. Les tons plus sobres tels que le blanc et le noir – toujours chics et indémodables – sont également au rendez-vous. Et puis il y a encore LA tenue ninja fétiche, celle subtilement mouchetée façon camouflage militaire dont Richard Harrison a fait un objet collector fortement convoité depuis qu’il la portée dans
Ninja Terminator.

Ca va comme ça Godfrey, t’es sûr qu’on voit bien sa main gauche ? OK, alors maintenant tu nous fais une belle mise au point sur sa main droite… lààààà, nickel, du travail de professionnel ça !


Un plan fixe de profil… tu enchaînes avec un de face… ça y est, t’as pigé l’truc petit, tu sais faire du cinoche !

Allez le ninja, là tu nous joues la surprise… voilà, c’est bien…

Malheureux ! Tu allais oublier l’insert en gros plan de la main qui prend le nunchaku… le public doit pouvoir suivre un peu l’histoire quand même !!


Non… plus féroce que ça Dave, n’oublie pas : tu es COLERE !
[GHAAA… PAS CONTENT !!!] ...oui comme ça c’est beaucoup mieux !!


Souvenez-vous : vous êtes FEROCITE mais aussi SVELTESSE, RAGE mais LEGERETE…


Le REGARD, pensez que vous portez des cagoules les gars, c’est important le REGARD


Attention, moment délicat : tu nous joues l’agonie d’un noble guerrier, l’intensité dramatique doit être là…

Bon là je te dis rien Dave, ces scènes là tu commences à les connaître…
Ah oui, un mot aussi sur les musiques : FAN-TAS-TIQUES. Je ne sais pas où ils sont allés les pêcher – sachant qu’ils n’hésitent généralement pas à piller tout ce qu’il leur plaît, je me souviens notamment avoir reconnu sans doute possible quelques fractions de la BO d’
Orange Mécanique dans
Ninja Terminator – mais chaque morceau d’ambiance est un hit en puissance : rythmiques électro-funkies, synthés bourdonnants au bord de l’implosion et boîte à rythme 100% synthétique, un vrai régal [sans ironie, j’ai vraiment adoré ! La preuve : deux extraits audio (
1 &
2) à vous fourrer dans les feuilles, gracieusement hébergés par Raccoon].

Mais… qu’est-ce que c’est que ce débile ?
Ghaaaaaaaaaa…


Mon dieu mais il pue du bec, c’est une infection !
Ghaaaaa le violet c’est la couleur des pédés ghaaaaa


Ah ouais, répète un peu pour voir !?!
Ghaaaaa je t’ai reconnu Tinky Winky, l’heure est venue de payer pour tes crimes


On règle ça par une bonne vieille partie de marelle ninja ?
Gha, trop compliqué ! On n’a qu’à dire que celui qui tient le plus longtemps en équilibre sur un pied a gagné…


Tricheur, je t’ai vu changer de pied !
Bon, et à part ça, toi, tu en penses quoi de cette loi qui empêche nos homologues français de porter la cagoule et le shuriken dans les écoles ?

Et à la fin de l’envoi, je touche !
John Nada 2,5/5
PS : avis à ceux qui possèdent
Hitman aka
Le Cobra (
Cobra Vs Ninja) : il me semble avoir reconnu dans le ninja en tenue noire de
The Ninja Squad la 1ère victime de Richard Harrison (celui qui annone péniblement des lignes de dialogue aussi mémorables que «
fais pas l’con Philipe », «
si tu m’tues Philipe, mon frère prendra sa revanche », «
les Japonais mettent ta tête à prix Philipe » ou encore «
mais non c’est toi qui va mourir connard » comme on peut l’entendre
ici). Quelques caps de confirmation seraient les bienvenues…
