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Une chronique originellement écrite par le forumeur "Francesco"
Karate Tiger : Le Tigre Rouge (No Retreat no surrender)
Année : 1985
Pays : USA / Hong Kong
Réalisateur : Corey Yuen
Genre : Préhistoire Vandammienne
Catégorie : Pur et dur
Avec : Kurt McKinney, Jean-Claude Van Damme, J.W. Fails, Tai Chung Kim
La fièvre, c'est trop cool, ça fait faire des rêves en noir et blanc et ça transforme n'importe quel programme télé en grand moment psychotronique. C'est dans ces conditions idéales (39.5 degrés celsius tout de même) que j'ai vu il y a quelques mois un beau nanar de compétition, "Karaté Tiger : le Tigre Rouge" sur RTL9 (Dieu bénisse RTL9). Mais laissez-moi vous narrer l'argument de ce monument :
Le héros est un jeune nigaud d'environ 15 ans comme il en existe tant dans les petites villes américaines, sa vie est banale, il passe ses journées au collège en compagnie de son pote et de sa petite amie (dont nous reparlerons plus tard, leur description étant en effet digne d'intérêt). Notre jeune ami (que nous surnommerons "Kevin" par commodité) a quand même un jardin secret plutôt original : il idôlatre Bruce Lee et apprend en autodidacte la discipline martiale de son modèle.
Sa vie familiale par contre est moins riante puisque son père alcoolique et lui ont quelques problèmes de communication. Lors d'une scène à l'intensité dramatique toute relative, leur relation père-fils vole en éclat : la père de Kevin, galvanisé par un excès de boissons euphorisantes, reproche violement à son fils son désintêret pour les études et décide de le sensibiliser à l'importance de la scolarité en dévastant sa chambre. Lorsque son père déchire son poster favori de Bruce Lee, Kevin décide que trop c'est trop et préfère se soutraire à la pédagogie paternelle (et peut-être aussi éviter une correction injustifiée). Il quitte donc sur le champ le foyer familial pour se réfugier dans une maison abandonnée (1er détail important). Là, au cours d'une nuit orageuse et tourmentée, il a LA révélation [1er CHOC] : Bruce Lee lui apparaît et lui propose de devenir son ami imaginaire (2ème détail important) pour lui enseigner les arcanes du kung fu (et oui ! ca calme, pas vrai ?).
Là, je me permet une digression sur les détails signalés précédemment : un ami imaginaire apparaît à un paumé réfugié dans un taudis délabré pour lui dicter une philosophie de la vie. Haha, on sait désormais où Chuck Palaniuk a été pomper le sujet de Fight Club. Et David Fincher, reconnaissant, cite cette source d'inspiration puisque dans le film, Tyler Durden imite sans ambiguité Bruce Lee...
Mais revenons à notre chef d'oeuvre...
Le film rentre alors dans le vif de son sujet : épaulé par Bruce Lee himself, Kevin se lance dans un titanesque entraînement stallonien pour conquerir le titre de champion du monde de kung fu (ou peut être convoite-t-il le titre de champion régional d'un discipline obscure : là, je ne sais plus, je vous rappelle que j'avais de la fièvre...).
Il est soutenu dans sa quête spirituelle par ses comparses :
Le pote : une sorte de Riccardo Tubb jeune ; clone de Michael Jackson (il s'habille comme lui sauf que ses vêtements sortent visiblement d'un dépôt vente Emmaus, ça donne un petit côté « vintage » très classieux) et qui s'exprime avec une voix de fausset insupportable et des expressions quelque peu démodées ("Yo mon pote ça groove ? Serre m'en cinq, man ! waaahoo t'as vu cette nana : j'la rencarderai bien mais c'est la pine-co de Biff, le capitaine de l'équipe de foot"). Ceci dit, ses talents de breakdanseur semblent suffisants pour séduire la gente feminine puisqu'il est constamment entouré par un aréopage de prétendantes arborant fièrement de splendides coiffures « à la lionne » et (courts) vêtues de minishort fluo du meilleur goût.
La petite amie : une brune "extravertie" (qui a dit "vulgaire" ?) qui est de toute évidence la "leader d'opinion" locale en matière de mode vestimentaire : bijoux fantaisies, couleurs fluos et vêtements moulants sont donc de rigueur, sans oublier l'incoutournable veste en jean "neige" coupe large surchargée plus que de raison de badges à caractère informatif sur ses goût musicaux (Duran-Duran , Kajagoogoo, Wham !, Madonna, Sandra, Depeche Mode, Cure, etc...). La fille cachée de Cindy Lauper, en quelque sorte.
Evidemment, ceux-ci ne s'inquièteront pas plus que ça de voir Kevin parler tout seul à un Bruce Lee invisible...
Après un sévère "training" dans le parc à manège pour enfants du jardin public le plus proche (séries de pompes sur le toboggan, footing autour du tourniquet, tractions sur le portique de la balancoire etc...), Kevin est enfin prêt pour le grand combat de sa vie (de sa "life" ?) : direction l'annexe de la salle de sport communale du quartier pour une rencontre au sommet avec un champion russe (à l'époque on disait "soviétique") fraîchement débarqué sur la terre sacrée du monde libre et bien décidé à écrabouiller la jeune Kevin afin d'affirmer la suprématie de l'empire du mal : l'affrontement prend alors des proportions dantesques, et l'ami Kevin réalise le poids qui pèse sur ses pas-si-frêles-que-ça épaules. Pression-pression !!
Et le grand soir arrive : la salle de combat est pleine à craquer (toute la classe de Kevin est là, la billeterie est débordée, il faut rapatrier en catastrophe une quinzaine de chaises pliantes supplémentaires pour doubler la capacité de la salle...). Le boxeur russe fait son entrée dans la salle et là [2ème CHOC] : on reconnnaît, stupéfaits, JCVD en personne. Sosie de Bruce Lee, vêtements fluo, Van Damme : c'en est trop, la fièvre me fait délirer, où est mon thermomètre ?
L'hallu continue puisque JCVD trouve utile de déclarer en hurlant (avec l'accent russe SVP !) "
LE MEILLEUR ! JE SUIS LE MEILLEUR" : grand moment d'anthologie nanaresque...
Je passe rapidement sur le combat, chorégraphié par la cousine du facteur de la fleuriste de la mère du réalisateur. Sachez simplement que Kevin étale le champion russe avec un "coup spécial". La fin nous impose le triomphe de Kevin et une émouvante scène de réconciliation entre le jeune homme et son père ("
je suis fier de toi fiston" "
je t'aime papa"). Le "fantôme" de Bruce Lee, mission accomplie, quitte la ville et laisse Kevin conduire seul son destin, comme un grand... Rideau et générique de fin avec hard rock FM eighties (ce qui est un poil curieux puisque la couleur musicale du film était surtout hip hop et funkie).
Vivement le remake par Steven Soderbergh avec Ben Affleck dans le rôle de Kevin et Antony Hopkins en fantôme de Bruce Lee (c'est dans ses cordes, il a fait ses preuves en sidekick de Chris Rock dans un film de Schumacher).
Francesco