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Atteinte de l'illusion délirante d'être aimée, Anna, jeune femme douce et réservée, se persuade que le docteur Zanevsky est amoureux d'elle. Dès lors, rien, jamais, n'entamera sa conviction... Mais après l'espoir, viendra le dépit, puis la haine...
Voici un chouette film sur l'érotomanie, dont l'aspect clinique est tout à fait pertinent. Les 3 grands stades de cette pathologie sont abordés par des chapitres qui illustrent bien l'évolution vers une dangerosité réelle.
La conviction délirante s'installe immédiatement chez Anna, et se nourrit de ses mécanismes interprétatifs envahissants. On perçoit bien que sa relation amoureuse au docteur n'est que superficielle, irréelle, l'important étant celle fantasmée, écran des projections de la jeune femme (et de sa maitrise, car elle gère finalement les pensées et émotions des 2 intervenants).
Quand on regarde ce film en ayant d'emblée conscience de ce qu'il s'y passe, il possède un côté assez sadique ; on "jouit" du piège qui se tend autour du docteur et de sa façon de s'y empêtrer.
Il faut toutefois reconnaitre qu'à force de vouloir se conclure de manière sinistre (un classique dans le genre, comme dans À la folie... pas du tout), Anna M. dérape un peu sur sa fin et perd de sa crédibilité (pensez donc, Anna ressort de psychiatrie plus folle qu'elle n'y est entrée

). Mais bon, cela n'entache en rien sa réussite. Une réussite dont Isabelle Carré est partie prenante, avec une interprétation de ouf malade de la jeune érotomane.
A tous ceux qui flippent devant ce genre de cas, rassurez-vous, ils sont très rares (mais flippez quand même un peu, parce qu'ils sont très peu accessibles au traitement psychotrope

).
Personnellement, je n'ai vu que 2 délires d'érotomanie, mais c'était chez des patients schizophrènes, donc pas la pathologie typique. Par contre, j'ai un collègue qui rapportait avoir fait un stage dans un service où une chef avait été assassinée 15 ans par un érotomane.