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Je l'ai vu il y a quelques mois. Je l'ai trouvé excellent, surtout de part cette mise en scène assez contemplative, bien que longue je vous l'accorde.

Cordialement

Grosse claque dans ma face hier soir

Du niveau de Fargo et même supérieur, on sent que le matériau de base n'est pas le produit des Coen, le film tranche assez radicalement avec ce que je connaissais d'autre de leurs oeuvres. Personnellement j'ai trouvé l'humour très relatif, voir inexistant ; ce n'est pas le but du film bien sûr ! Mais j'ai lu ici quelques avis mentionnant tout de même un certain humour noir qui m'a pourtant échappé. Pas une critique en soi, au contraire!

La photographie est tout simplement magnifique, incompréhensible que le responsable n'ait pas eu son oscar pour son travail, l'absence de musique rend le film encore plus oppressant et étouffant - on lui reproche son rythme lent, je l'ai trouvé justement totalement hypnotique ; je craignais une stagnation et du contemplatif, or j'ai été comme happé dès les premières minutes et impossible d'en décrocher ensuite. Quand aux performances des acteurs, tout a été dit, inutile que je réencense le trio de tête et l'immense Javier Bardem.

Concernant la fin, j'avoue avoir été très dérouté sur le coup moi aussi tant elle surprend et tranche avec le reste du film. Même s'il était présent dans le livre original, je reste assez déstabilisé par le monologue de Tommy Lee Jones, mais la VO m'a peut être fait louper quelque chose.

Cette année-là, Roger Deakins (l'un des meilleurs chef de la photo de tous les temps) était nommé pour No Country For Old Men et The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, de photo magnifique. Il était donc en compétition avec lui-même et n'a gagné pour aucun.

Ah ok, j'ignorais! Avec quatre oscars à la clé, on ne peut pas non plus crier à l'injustice évidemment mais le travail de Deakins est d'une telle splendeur que ça paraît insensé qu'il soit reparti les mains vides!

Il erre depuis lors dans les studios d'Hollywood avec un pistolet à bétail dans la main.

S'il a le même coiffeur que Javier Bardem, je comprends qu'il soit remonté

Le pire c'est qu'avec ça, il a toujours pas eu d'Oscar. Pas pour Les Évadés. Ni pour Fargo ou The Barber. Pas pour Kundun. Et pas nommé cette année pour le résolument sublime A Serious Man. Donc, s'il fait une descente Chigurh-style chez les membres du jury des Oscars, j'approuverais.

C'est vrai que la photographie du film était vraiment très belle.

De façon générale, je trouve que les films avec de grands plans larges en extérieur, comme au début du film, s'apprécient pleinement au cinéma sur grand écran!

En même temps les Coen se plaisent à toujours rester en dehors du système hollywoodien donc je crois pas que le fait d'être nominés aux oscars les touche plus que ça.

A noter que leur précédent directeur de la photo était Barry Sonnenfeld qui a pour ainsi dire démarré avec eux avant de faire La Famille Addams, Get Shorty ou Men In Black.

En regardant les films des Coen dans l'ordre qu'on voit la différence de style entre les deux directeurs photos, Sonnenfeld proposant des cadrages plus grotesques et Deakins proposant un travail plus soigné.

A noter que le montage de ce film a été assuré comme souvent par Roderick Jaynes, qui n'est qu'un pseudonyme sous lequel se cachent... Les frères Coen.

Ce film montre de la violence, mais j'ai trouvé que les Coen y sont moins violents avec leurs personnages que dans les autres films. Je m'explique : d'habitude ils se moquent pas mal de tous leurs personnages, ils les traitent avec une sorte de froideur, ils nous les mettent dans une petite boîte et nous font rire à observer leurs défauts ; tandis que là, dans No country for old men, on est plus tenté de s'identifier à eux, on en est bien plus proche.
Quant à l'éventuelle lenteur : puisque le scénario est assez complexe, ou du moins puisque la lecture du film, riche en ellipses, nécessite beaucoup de concentration, je savais que si je me laissais aller à rêvasser lors des plans de contemplation j'allais rater la prochaine information, le prochain indice qui allait venir subitement. J'avais donc les nerfs à vif, je n'ai pas senti de lenteur. A ce propos, heureusement que j'ai une femme : parfois je mettais sur pause pour qu'elle m'aide à comprendre le pourquoi du comment. Elle a l'esprit rompu aux techniques narratives des séries policières, elle m'a bien aidé à suivre l'histoire.
Parfois je croyais être chez Lynch : l'emballage de la friandise que le Méchant pose sur le comptoir, qui crisse en se dépliant, la lumière du couloir de l'hôtel qui passe sous la porte, les traces dans le conduit d'aération, toutes ces vues en macrophoto de détails sont des grands moments de cinéma !