C'est un euphémisme que de reconnaitre que dans son genre (on pourrait presque parler de niche cinématographique), Birdemic fait encore plus fort que ce à quoi on pouvait s'attendre. Ce film est une catastrophe intégrale dont il parait difficile de faire le tour. Le montage son est le premier élément maouss qui agresse le spectateur : rarement entendu aussi infâme, avec un renforcement du caractère haché de l'enchainement des plans, peuplé de trous sonores, c'est vraiment terrible. Et la zik, digne d'un vieux jeu vidéo, n'est pas là pour rattraper. Bien entendu, le montage vidéo est du même acabit, avec des ratés toujours surprenants, et donne un côté artificiel très en phase avec le jeu robotique des acteurs. On a du mal à penser que cette histoire puisse se dérouler la même réalité que la nôtre.
Concernant les acteurs justement, c'est là aussi un festival de l'endive, la palme revenant sans conteste à Alan Bagh qui semble poser en permanence pour une photo d'identité, le visage totalement vidé de toute expression affective. Mon coreligionnaire Darma l'a très judicieusement qualifié de mannequin en mousse vivant. Sinon, j'ai une affection particulière pour l'homme des bois et son interprétation exaltée d'amant des arbres. A ce sujet, quelqu'un a-t-il vraiment compris pourquoi la forêt brule ? Parce qu'on ne voit jamais d'aigle s'y écraser...
Bon, les oiseaux en question, inutile de revenir dessus, bien qu'ils demeurent un grand moment de fou rire même quand on sait déjà qu'ils vont arriver. Une arrivée qui d'ailleurs survient n'importe comment, bête reprise de la punition divine des relations sexuelles pré-mariage (un Dieu qui envoie comme plaie terrestre d'aussi atroces gif ne mérite vraiment aucune dévotion).
Enfin, un dernier point assez hallucinant de jusqu'auboutisme, c'est la vacuité du scénario. Il ne contient strictement rien en dehors d'une relation sentimentale niaise et de l'attaque des piafs. On ne sait même pas si c'est la fin du monde ou pas, la majorité des gens semblant continuer de vivre comme si de rien n'était (hypothèse : seuls les persos principaux voient les aigles, preuve de leur décompensation psychotique). Tout n'est que remplissage, nul n'a de plan d'action (ils roulent vers nulle part, sans faire de provision de bouffe...) et même quand on pense qu'il va se passer quelque chose (genre le môme qui soudain disparait), bah non, rien. Ça donne parfois de magnifiques séquences comme la pêche sur la plage (y'a des poissons dans l'écume des vagues ?), avec une préparation culinaire inédite : un poisson non-vidé, bouilli, avec des algues ramassées sur le sable et non-lavées. Miam miam... Tout ça pour se conclure n'importe comment, c'est effroyable.
Birdemic est vraiment un must-see dans son genre et mérite tout-à-fait un 4/5. Mais attention, il n'est pas non plus accessible à tout le monde, faut pouvoir se farcir des tunnels de néant mal réalisés, mal montés, mal bruités, mal joués, mal scénarisés, etc.
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"On était si pauvres, que quand un cambrioleur s'est introduit chez nous, on l'a dévalisé."
"T'as vu, les œufs sont cuits à l'envers..."
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