En même temps, depuis l'énigme du contenu de la malette dans Pulp Fiction, le public a pris l'habitude d'émettre des supposition sur les choses qu'il n'a pas compris dans les films de Tarantino. En même temps, le cinéaste joue avec ça en dispatchant ses informations dans les films qu'il fait. On a l'impression d'avoir manqué un truc, un détail et finalement, il nous transmet l'information, plus tard. Un bon exemple serait le coup des trois verres dans la cave. Ca participe beaucoup au plaisir du spectateur qui, après s'être un peu torturé l'esprit et s'être senti largué (Comment ça, Hickox s'est trahi?), comprend. Comme disait une spectatrice après avoir assisté à la séquence de l'échange vu sous trois points de vue différents dans Jackie Brown "C'est du Tarantino : d'abord on comprend rien, puis on comprend tout !". On trouve aussi ça dans tout son sketch de Four Rooms / Groom Service : pendant tout le métrage, on partage la perplexité de Ted le Groom, perdu dans l'univers de Hollywood avec ces stars mégalos et complètement bourrées qui ont visiblement une idée très précise du "rôle qu'il va tenir dans leur petite soirée"... (au passage, toujours aucune édition française du DVD du film...)
De la même façon, ses personnages ont une véritable épaisseur mais restent des personnages de cinéma. Pour ceux qui veulent en savoir plus, il y a de la matière dans les détails donnés pour émettre des hypothèses (l'impuissance sexuelle de Stuntman Mike et son statut de vestige d'un autre temps dans Death Proof par exemple, ou alors la marque de corde autour du cou de Pitt dans Basterds). A cela il faut ajouter les véritables trous dans la narration, les choses qui ne sont pas dites ni explicitées. Par exemple, dans Pulp, la raison pour laquelle Vincent Vega se laisse aussi stupidement flinguer par Butch. Quand un (tiens, jeu de mot) film a beaucoup plu, devient culte pour quelqu'un, cette personne a besoin de se l'approprier, d'en percevoir toutes les subtilités, les détails, les sous intrigues tout en ressentant qu'il y aura toujours des zones d'ombre, es choses sur lesquelles il a son idée mais dont il ne sera jamais sûr.
J'ai bien conscience que ça doit être super pénible pour quelqu'un qui n'a pas aimé le film d'entendre les fans argumenter en disant "non, attends, t'as pas compris, en fait". Un film ne peut pas toucher tout le monde. D'un autre côté, je n'ai pas l'impression que les messages postés se limitent à dire "c'est Tarantino donc il y a un sens parce que c'est génial parce que c'est Tarantino et que Tarantino est un génie parce que ces films sont géniaux". Enfin je ne crois pas que ça soit une succession de posts de fanatiques béats qui refusent d'admettre qu'un GENIE comme Quentin (j'entends parfois des gens l'appeler par son prénom quand ils parlent de ses films. Vive le Name Dropping !) ait pu faire des erreurs, oublié des détails. Tout son parcours nous a habitué à ça. Il encourage à la réflexion, la remise en question par sa tendance au "solutions différenciées" (voir la structure originale de True Romance dans le topic en question), au détail signifiant permettant au spectateur assidu d'accéder à une compréhension plus complète du film et du fonctionnement de ses personnages ainsi qu'aux zones d'ombres qui, volontaires ou non, sont sujettes à toutes les interprétations, des plus simplistes au plus pointues.
Que Tarantino ait voulu ou pas qu'on se pose des questions, qu'il se soit foutu de notre gueule ou qu'il ait foiré des trucs dans son script, au final, je m'en fous. J'ai juste surkiffé le film et je prend un super pied en m'y replongeant à la faveur des débats suscités par les plot holes.
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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