minsk a écrit:
Le fait qu'un film qui a un si fort contenu politique - il suffit juste de rappeler la décalque du titre District 9 sur le fameux District 6, township tristement célèbre du Cap, va voir sur wiki si tu veux en savoir plus - montre la mafia noire sous un jour barbare qui reprend tous les stéréotypes méprisants attribués aux Noirs m'interroge. D'un côté on a une critique acérée de l'Apartheid, d'autre part des Noirs montrés comme des sauvages arriérés et sanguinaires, qui mangent leurs ennemis pour récupérer leur force. Ok ça existe dans la réalité, mais je pense aussi que tous les gangsters noirs croient pas au chamanisme et peuvent être intelligents et manipulateurs.
Hello,
Tu auras aussi remarqué que des blancs fonctionnaires, des détenteurs de pouvoir, des flics, des mercenaires, ne sont montrés que les pires représentants. Le parti pris de Blomkamp est clairement de nous montrer l'humanité sous son jour le plus noir, sans mauvais jeu de mots ; de ce point de vue je ne vois pas d'inégalité de traitement entre les différentes communautés et classes sociales, puisque leurs membres sont plus débiles les uns que les autres.
A la limite, on pourrait reprocher au film un message par trop pessimiste, voire un cynisme de mauvais aloi.
Citer:
On peut continuer la démonstration en constatant qu'aucun Noir du film n'a de position de pouvoir. Dans la multinationale les chefs sont blancs, chez les militaires aussi, les scientifiques itou. La raison à ça est sans doute que comme le but est de singer l'apartheid, il serait illogique de voir des Noirs à des postes de pouvoir. Ainsi on peut bien faire le distingo suivant :
Blanc = intelligent, cruel et amoral (pour les soldats et le MNU) ou scientifique, sociologue (les gars qui analysent les faits après coup, tous des Blancs vous avez remarqué ?)
Noir = barbare, arriéré, sanguinaire (pour les mafieux nigérians) ou sympa, obéissant, honnête (le soldat noir et le nouveau au MNU qui est en prison à la fin).
Comme tu le dis toi-même, le film s'inspire de la réalité, en l'occurrence une Afrique du Sud post-Apartheid, dans laquelle, ô surprise ! les postes les plus élevés dans la hiérarchie sociale (scientifiques, médecins, policiers gradés...) sont occupés par des blancs. Le seul lieu de pouvoir que la communauté noire a pu largement investir, est le domaine politique, c'est à dire tout ce qui relève d'une fonction élective (si je me souviens bien, on voit pendant quelque seconde le Président Sudaf', qui est noir de peau).
Effectivement, dans D9 les noirs sont le plus souvent des subalternes, des pauvres, des déclassés... cette représentation est-elle à ce point éloignée de la réalité ? Faut-il reprocher à Blomkamp de rendre compte, en arrière-plan de son propos (raconter une histoire divertissante, en premier lieu) , de la situation de la société dans laquelle son film prend pied ? J'y vois une caricature, au bon sens du terme, les traits sont grossis mais ils ne trahissent pas le modèle original.