Bon, vu il y a quelques jours et voilà l'analyse que j'en ai fait. Ça spoile un peu dans les parties blanches donc faites attention.
Pour ma part, je dirais qu’il s’agit de l’un des meilleurs James Bond et cela, pour plusieurs raisons. Déjà, parce qu’il manie l’autoréférence. Tout les codes, sans exception, y sont repris mais pas alignés comme dans un catalogue. On les met en avant, pour assurer le fan service bien évidemment, mais surtout pour reconstruire Bond au fur et à mesure. L’agent 007 est brisé au début du film, à la ramasse et petit à petit, tout ce qui a fait sa légende va apparaître pour le recréer, comme une nouvelle naissance. Le thème de la résurrection est omniprésent, mais il ne s’agit pas d’un renouveau comme on aurait pu l’attendre. La plupart du temps, lorsqu’on traite de ce genre de chose au cinéma, on voit le personnage évoluer, prendre une nouvelle dimension, devenir plus fort ou même changer. Bond ne change pas. Il est un être inamovible, il a vu toutes les époques et globalement, reste le même, c’est encore le cas ici. A l’heure où certains héros changent de peau, d’identité, des reboots à outrance, Bond reste le même et c’est encore une fois rassurant pour le fan de la première heure mais une volonté aussi de préserver tout un héritage, de ne jamais se renier malgré les erreurs. James est confronté à un monde qui change, un monde qui doute encore de son utilité mais est ce anodin si, sur l’île du grand méchant et son équipement high-tech, il parviendra à le coincer grâce à une radio ? Si au moment d’en venir à bout, il le fera avec l’arme la plus rudimentaire qu’il a sous la main ? Non, car c’est pour une fois encore montré que la renaissance ne fera pas par l’évolution, mais par les bonnes vieilles méthodes. Skyfall joue à fond sur cette carte et parvient à son objectif.
Pourtant, si Bond ne change pas, la saga a eu le temps d’évoluer, de se nourrir de différentes périodes et de l’évolution du cinéma. Ce volet n’échappe pas à la règle même s’il a le bon goût de ne pas sombrer dans la facilité en ne s’inspirant que du dernier blockbuster à la mode. Clairement, il y a un peu de ça lorsqu’on découvre le méchant joué par Patrick Juvet, pardon Javier Bardem, un psychopathe de première bourre, malin comme un singe qui va jusqu’à organiser sa propre arrestation pour parvenir à son but, profitant du chaos autour et d’un héros en plein doute. Peut être que j’extrapole comme un maboul, mais pour moi, le parallèle avec The Dark Knight est assez flagrant aussi bien dans le fond que dans la forme. Mais c’est peut être la seule référence récente qui sera faite, le reste du film s’appuyant plus sur des fondamentaux, revenant aux sources pour survivre, comme pour son personnage. On est bien dans un Bond brut de pomme. L’action n’est pas omniprésente, ce n’est pas toujours spectaculaire mais si on réfléchit, on se rend surtout compte que le film aurait pû être fait à l’époque de Sean Connery sans changer grand-chose, dans le fond tout du moins. En s’intéressant à l’homme plutôt qu’à l’agent, on marche aussi sur les traces d’ « Au service secret de sa Majesté ». Mais il y a aussi de l’autoparodie avec par exemple ce duel dans la fosse aux komodos, qui dans son traitement rappelle la période Roger Moore ou encore l’explosion de l’Aston Martin suivit du thème principal, scène too much jusqu’à l’extrême où Bond se caricature lui-même en semblant dire « Ok, que tu fous la merde en Angleterre et que tu veuilles tuer M passes encore ! Mais là, tu touches à MA caisse ! ». Plus que manier la référence pour la référence, le film a donc aussi la bonne idée de se moquer de lui-même, mais sans se renier. Le kitch, le côté superficiel de James Bond font partie intégrante de la saga, alors ils n’ont pas de raison de disparaître. Le film se montre aussi très enclin à explorer des genres un peu en désuétude. La dernière grande scène d’action, en Ecosse (encore un retour aux sources…) renvoie au western, au film de guerre voire aussi un peu à l’horreur avec ces Landes de nuit, brûlant sous les flammes avec pour seuls âmes qui vivent un psychopathe et ses proies… . Comme si Skyfall montrait qu’elle était déjà là du temps où ces genres faisaient recette et qu’elle leur a survécu, comme elle survivra à notre époque et ses références.
Certes, mon analyse peut paraître pompeuse mais c’est pour cela que j’affirme qu’il s’agit d’un très bon volet. A mes yeux, du moins. Car si j’y ai trouvé tout ce qui fait le charme d’un James Bond, j’ai aussi apprécié de percevoir quelque chose en plus, un fond, une réflexion sur notre monde, l’opposition entre les vieilles valeurs et une ère où tout change vite, trop vite. On ne se contente pas d’un divertissement sympathique mais simpliste où 007 doit déjouer le complot d’un grand méchant, comme c’est le cas dans presque tous les films de la saga. Il y a quelque chose d’autre derrière, qui fait de Bond une valeur rassurante, un être qui se fout du monde qui l’entoure et reste fidèle à sa légende, éternel. Et ça fait rudement du bien.
_________________ la-li-lu-le-lo
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